L’atteinte de l’Objectif de Développement Durable N°4 « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » nécessite d’importants investissements et la mobilisation de tous les partenaires. En effet, l’état des lieux des systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne montre d’importants défis à relever pour assurer la pleine disponibilité des ressources éducatives au profit des établissements scolaires et des élèves du primaire et du secondaire. En dépit de réels efforts nationaux soutenus par les partenaires techniques et financiers pour la production, l’achat et la distribution de manuels depuis deux décennies, aucun pays d’Afrique francophone subsaharienne n’a pour le moment atteint l’objectif d’un manuel par élève en lecture et en calcul au cycle primaire et cette pénurie est encore plus marquée au cycle secondaire. De plus, il convient de prendre en considération la qualité et l'adéquation limitées des manuels par rapport aux programmes éducatifs, ainsi que le besoin pressant de renforcer les compétences des enseignants. Il est important de noter que ce contexte est également caractérisé par une détérioration des conditions d'apprentissage, notamment des classes surpeuplées, un manque de manuels scolaires et l'absence de mobilier adéquat, entre autres défis.
Face à cette situation, le projet Ressources éducatives, financé par l’Agence française de développement (AFD), est mis en œuvre par l’UNESCO en partenariat avec l’Institut français dans plusieurs pays ciblés d’Afrique subsaharienne francophone. L’objectif est d’accompagner les pays dans la mise en œuvre de politiques et de stratégies nationales qui permettent d’améliorer l’accès de tous les élèves scolarisés au primaire et au secondaire à un ensemble de ressources éducatives de qualité, matérielles et numériques variées, pour le développement de leurs savoirs et compétences, leur réussite scolaire et leur alphabétisation durable. Le projet se déroule sur cinq années, en deux phases : une phase d’amorçage de 18 mois (phase 1), et une phase d’extension et de généralisation de 48 mois (phase 2). Il est mis en œuvre à travers trois axes de travail complémentaires : 1) le renforcement des politiques et stratégies nationales de développement et de diversification des ressources éducatives à usage individuel et collectif, 2) l’amélioration des chaînes de production et de diffusion des ressources éducatives et 3) l’amélioration de l’accès des élèves à la littérature de jeunesse. L’UNESCO travaille plus particulièrement sur l’accès équitable des enseignants et des élèves à des ressources éducatives de qualité à travers la composante 1 « AGIR POUR L’AVENIR » et la composante 2 « PRODUIRE POUR APPRENDRE » du projet.
Débutée le 30 juin 2020, la première phase du projet s’est achevée le 1er septembre 2023. L’occasion pour l’UNESCO d’établir un bilan des résultats et acquis au terme de ces années de travail.
L’engagement des pays bénéficiaires du projet a été fondamental dans la conduite du projet jusqu’à présent. C’est parce que les autorités éducatives des pays bénéficiaires ont répondu présent dans l’organisation des diverses activités, et qu’elles se sont rendues disponibles et volontaires, que la première phase a pu être menée à bien. Ainsi, les pays participants ont assisté à la conférence régionale des Rencontres africaines pour les ressources éducatives (RARE). Organisées du 14 au 16 juin 2022 à Dakar, en collaboration avec l’Institut français, les Rencontres africaines ont représenté pour les pays l’occasion d’établir un bilan de la phase 1, de discuter et de valider les livrables conçus, et de se projeter dans la mise en œuvre de la phase 2. Elles ont permis de renforcer la collaboration et la mutualisation en matière de ressources éducatives, à travers la création d’une coalition d’acteurs engagés en faveur de l’amélioration des apprentissages et de l’accès aux ressources éducatives à l’échelle des pays cibles.
Au titre de la composante 1, l’UNESCO, en collaboration avec les équipes nationales, a mis à disposition un guide méthodologique de diagnostic des stratégies et politiques de production et diffusion des ressources éducatives. Cette méthodologie a ensuite servi de base à la tenue d’une analyse dans trois pays pilotes (Burkina Faso, Sénégal et Togo) et à la rédaction des rapports afférents terminés en mars 2022. À l’issue de cette activité, une feuille de route régionale pour l’amélioration de la production et de la diffusion des ressources éducatives a été produite, et validée par l’ensemble des pays cibles lors des Rencontres africaines.
Au titre de la composante 2, plusieurs axes ont été traités à travers différentes activités. Les équipes se sont concentrées en premier lieu sur la qualité des manuels scolaires au programme des pays bénéficiaires du projet, à travers une activité d’évaluation indépendante menée en partenariat avec la CONFEMEN. L’évaluation a concerné les manuels du primaire (mathématiques et français) et du 1er cycle du secondaire (mathématiques, français et sciences) des 6 pays pilotes. Cette activité a engendré la co-construction d’une grille d’évaluation conforme aux standards identifiés par la recherche en éducation et sensible aux contextes des pays participants, ainsi que l’élaboration d’un portrait global de la qualité des manuels scolaires dans chacun des 6 pays débouchant sur des recommandations pour améliorer les processus de conception et d’évaluation des manuels scolaires. Cette activité a suscité un fort engagement des pays impliqués, comme en témoigne la signature de la Déclaration de Cotonou le 11 novembre 2021 par leurs ministres de l’éducation.
Dans un second temps, l’UNESCO a mené un recensement des ressources éducatives existantes et une analyse des métadonnées et plateformes de diffusion des ressources éducatives numériques dans les pays bénéficiaires, pour aboutir à une structure de métadonnées pour l’indexation des ressources éducatives et une structure de bases de données documentaires selon les standards internationaux. Forts de ces résultats, un déploiement à l’échelle de 6 pays (Madagascar, Bénin, Guinée, Congo, Togo, Djibouti) a été engagé. À terme, ces structures pourraient être adoptées par l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne.
Un appui a également été apporté à 4 pays (Djibouti, République démocratique du Congo, Sénégal) dans l’élaboration d’une stratégie de production et diffusion de ressources éducatives libres (REL). Définies comme des matériels d’apprentissage, d’enseignement et de recherche sur tout format ou support relevant du domaine public ou protégées par le droit d’auteur et publiées sous licence ouverte, les REL fournissent aux gouvernements une opportunité stratégique d’encourager la démocratisation et l’inclusion de la connaissance. La conception de ces stratégies s’est faite sur la base des recommandations de l’UNESCO sur les REL (2019), et en collaboration avec le secteur de l’information et de l’éducation du Bureau de Dakar.
Dans une optique de pérennisation des acquis du projet, une plateforme de réseau d’expertise a aussi été pensée et mise en ligne, en partenariat avec l’Institut français. Son objectif est de réunir, dans un même lieu, les experts travaillant sur la question des ressources éducatives, qui pourront être mobilisés par les pays ou le projet pour différentes actions de renforcement de la production et de la diffusion des ressources éducatives. Il s’agit également de rendre disponibles les productions du projet et des ressources méthodologiques et techniques pour les acteurs qui s’intéressent à cette question en Afrique subsaharienne [www.ressources-educatives.org].
Enfin, l’UNESCO a apporté son appui à la production de ressources éducatives à l’usage des maîtres et des élèves de plusieurs écoles de la région. Ainsi, 29 000 planches murales alphabet ont été livrées dans 7 pays d’Afrique subsaharienne. En septembre, ce sont aussi 3 200 kits pédagogiques (3 000 à destination des élèves et 200 des enseignants) qui ont été livrés au Sénégal et 1 600 au Togo (1 500 à destination des élèves et 100 des enseignants), accompagnés de 420 guides d’utilisation des kits produits pour appuyer les enseignants dans la mise en place d’activités autour des supports livrés. Ces outils sont de véritables supports à l’activité pédagogique et une aide à l’apprentissage et à l’enseignement de la lecture.
C’est sur cette solide base, constituée en collaboration avec les pays cibles, que l’UNESCO est désormais entré en phase 2 de l’exécution du projet Ressources éducatives. Phase de déploiement, elle permettra d’étendre les activités menées en phase 1 à d’autres pays d’Afrique subsaharienne francophone, de développer de nouveaux outils, d’aborder de nouveaux axes de travail et de pérenniser les acquis du projet.