André Gollo est Directeur de production des matériels didactiques, des supports audiovisuels, et des technologies de l'information et de la communication à l'Institut national de Recherche et d'animation pédagogique (INRAP) en République centrafricaine. Dans cet entretien avec l'UNESCO, il revient sur le contexte des ressources éducatives en RCA, l'importance de l'analyse diagnostique pour le pays, ainsi que les étapes à venir dans le cadre de cette activité.
Quel est le contexte des ressources éducatives en RCA?
En ce qui concerne les ressources éducatives, permettez-moi de vous donner rapidement un aperçu du contexte et de l’historique. Depuis l’indépendance, le pays a largement bénéficié de manuels souvent édités à l’étranger, et parfois même conçus hors de nos frontières, avant d’être mis à disposition dans nos écoles. Par exemple, lorsque j’étais enfant, nous utilisions des manuels tels que Mamadou et Bineta, La famille Diavara, ou encore La famille Boda. Plus récemment, des ouvrages comme Mariam et Hamidou, entièrement conçus et édités en Afrique de l’Ouest, ont vu le jour.
Nous avons également des ressources telles que Ma semaine, une initiative des inspecteurs de l’enseignement fondamental ici même. Bien que ce manuel ait été conçu localement, il a été édité au Cameroun. Parmi les documents encore utilisés aujourd’hui, on peut citer Les Champions, des manuels de français contextualisés, édités à l’étranger mais adaptés par les concepteurs de l’Institut national de recherche et d’animation pédagogique (INRAP). Enfin, il y a aussi les manuels de mathématiques Gagné!, qui figurent parmi les ressources actuellement en circulation dans nos écoles.
En quoi l’analyse diagnostique de la chaîne des ressources éducatives est importante pour la RCA?
J’ai été l’un des piliers de cette initiative, car dès l’arrivée du projet, le directeur de l’enseignement nous a associés à son élaboration. Ensemble, nous avons conçu ce projet, qui est en train de porter ses fruits aujourd’hui. Je tiens à saluer cette initiative, car elle représente une véritable opportunité : une opportunité de mener à bien une étude dont les résultats devraient conduire à des décisions clés. Celles-ci inciteront les Centrafricains à réfléchir davantage à la conception de ressources éducatives adaptées aux réalités spécifiques du pays, à l’image de ce que nous avons réalisé en sango.
Cette initiative, soutenue par la Banque mondiale, a permis de concevoir des ressources éducatives en s’appuyant sur le bilinguisme. Concrètement, il s’agit de documents rédigés en français puis traduits en sango, afin de faciliter l’apprentissage de la lecture en République centrafricaine, tant pour les élèves que pour les enseignants.
En tant que responsable, je considère ce projet comme essentiel et pérenne. Il bénéficie déjà d’un soutien important, notamment grâce à l’appui de nos responsables politiques et techniques, qui nous accompagnent activement dans la préparation de cette évaluation à l’échelle nationale.
Quelles sont les prochaines étapes dans le cadre de cette analyse?
Nous avons soutenu cette initiative en participant activement à l’élaboration de ce projet, qui a nécessité plusieurs allers-retours entre la République centrafricaine et le Bureau de l’UNESCO basé au Sénégal. Aujourd’hui, nous sommes à une étape cruciale : celle de la mise en œuvre. Cette phase débutera par la collecte de données et d’informations fiables sur le terrain, suivie de leur analyse. Ces travaux devraient, sans aucun doute, déboucher sur des décisions majeures.
Comme je l’ai souligné, les responsables politiques du pays accordent une grande importance à la politique du livre. Cependant, cette politique ne peut se limiter à des décisions : elle doit se concrétiser par des actions, notamment à travers la conception de ressources éducatives adaptées. Cela inclut la production de manuels pour tous les niveaux d’enseignement, que ce soit le fondamental 1, le fondamental 2, ou même le préscolaire. L’objectif est que le pays puisse éditer des manuels allant du préscolaire jusqu’à l’université.
Il s’agit donc d’un programme de grande envergure. Pour ma part, je suis convaincu que le pays nourrit de grandes attentes vis-à-vis des résultats de cette évaluation en cours de préparation.
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